Mittwoch, 21. Dezember 2011

Liberté de publier bâillonnée en Turquie : l'Union internationale des Editeurs (UIE) exige la libération immédiate de l'éditeur Ragıp Zarakolu

Presse Edition 09/11/2011L'éditeur Ragıp Zarakolu, récipiendaire du prix liberté de publier 2008 de l'Union internationale des Editeurs (UIE), a été arrêté le vendredi 28 octobre 2011 à Istanbul dans le cadre d'une vaste opération de police visant les milieux kurdes. La 14e chambre de la cour d'assises de Beşiktaş, a décidé aujourd'hui, suite à une audience qui a duré près de 28 heures, d'incarcérer l'homme que beaucoup considèrent comme le principal défenseur de la liberté d'expression et des droits des minorités en Turquie. Il est notamment accusé d'être membre d'une organisation illégale en vertu de la loi anti-terroriste. L'UIE considère que cet emprisonnement va à l'encontre des obligations de la Turquie en matière de traités internationaux. L'UIE demande par conséquent sa libération immédiate.


Ragıp Zarakolu est considéré comme un héros de la liberté de publier. L'un de ses fils, Deniz Zarakolu, a également été arrêté le 2 Octobre 2011, après avoir donné une conférence de philosophie politique à l'Académie de sciences politiques du Parti pour la paix et la démocratie (BDP - à ce jour ce parti est légal) et est depuis lors détenu à la prison de type F (haute sécurité) d'Edirne. L’accusation contre Ragıp Zarakolu serait aussi liée à un discours qu’il a fait lors d’un événement organisé par le BDP et des articles qu’il a écrits dans le journal kurde Ögür Gündem. Ces arrestations s'inscrivent dans le cadre d'une vaste répression initiée en 2009 et toujours en cours à l'encontre des partis politiques kurdes. L'UIE craint que l'emprisonnement de Deniz et Ragıp Zarakolu, de même que celui de plusieurs autres écrivains et intellectuels comme le professeur Busra Ersanlı, soit en violation des obligations de la Turquie en vertu de l'article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et de l'article 10 de la Convention européenne des Droits de l'Homme (CEDH).

Bjorn Smith-Simonsen, Président du comité liberté de publier de l'UIE, a déclaré: "Le mois d'octobre est un bien triste mois pour la liberté de publier en Turquie et dans le monde. Ragıp Zarakolu est la fierté de l'édition. Il est le phare de la liberté de publier en Turquie. C'est un activiste infatigable des droits de l'Homme et du droit des minorités. Jusqu'à présent, sa quête de la vérité, sa quête de réconciliation et de justice a été irrésistible. Cet homme n'a pas sa place en prison. Tout au contraire, cet homme mérite un prix Nobel. Nous exigeons que Ragıp Zarakolu, le récipiendaire du prix liberté de publier 2008 de l'Union internationale des Editeurs (UIE), soit libéré immédiatement. Le procès ne pourrait commencer que dans un an seulement. Nous craignons que Ragıp Zarakolu, dont la santé n'est pas bonne, ne tienne le choc face aux terribles conditions de détention des prisons de type F (haute sécurité). Son état de santé constitue une raison supplémentaire pour les autorités turques de faire preuve de compassion et de le libérer immédiatement".

Jens Bammel, Secrétaire général de l'UIE, a ajouté: "Comme le rapport 2011 de la Commission européenne sur la Turquie l'a souligné, la Turquie doit grandement amender sa législation anti-terroriste afin de se conformer à plusieurs jugements de la Cour européenne des Droits de l'Homme. De notre côté, nous avons également constaté, dans les deux dernières années, une utilisation croissante de la législation anti-terroriste pour étouffer la liberté de publier en Turquie. Au nom de la communauté internationale de l'édition, je vais chercher à rencontrer, dès que possible, le Représentant permanent de la Turquie auprès de l'Office des Nations Unies à Genève afin de signifier au gouvernement turc nos nombreuses préoccupations et de les exhorter à libérer immédiatement l'éditeur Zarakolu. Au mois de mars déjà, les autorités avaient condamné Zarakolu pour propagande terroriste car il avait publié l'ouvrage de Mehmet Güler « Le dossier KCK : L'Etat global et les Kurdes sans Etat ». Maintenant, les autorités vont plus loin encore en l'accusant d'être carrément un membre d'une organisation illégale. L'Etat de droit et les principes de la liberté d'expression doivent prévaloir."

Plus d'informations au sujet de Ragıp Zarakolu

Ragıp Zarakolu est un éditeur turc 1948. Depuis qu'il a créé la maison d'édition Belge avec son épouse Ayşe Nur en1977, il a été l'objet d'un harcèlement constant de la part des autorités de son pays. Ragıp Zarakolu a toujours refusé d'abandonner sa champagne pour la liberté d'expression, visant à répandre en Turquie “une culture de respect pour les différentes cultures et les différences d'opinion". Au fil des ans, Ragıp Zarakolu et son épouse ont eu à subir la prison, la confiscation et la destruction de livres, d'importantes amendes, et un attentat à la bombe contre leur maison d’édition à Sultanahmet à Istanbul en 1995, mettant ainsi en danger la survie des Editions Belge. Ragıp Zarakolu préside le Comité liberté de publier de l'Association des Editeurs turcs (TYB). Il est également l'un des membres fondateurs de l'Association turque des droits de l'Homme. Malgré toutes les attaques, tous les procès, toutes les vicissitudes, il a continué à aborder des sujets difficiles, encourageant ainsi le débat et la démocratie turcs.

Toute sa vie Ragıp Zarakolu a été la victime de longs procès éreintants, fatiguant pour la simple raison qu'il a cherché à faire la lumière sur des sujets controversés en Turquie. Un éditeur dans les tribunaux est un éditeur qui perd son temps et son argent loin, beaucoup trop loin de son métier et de sa passion. Le procès en lui-même devient la punition de l'éditeur.

Ragıp Zarakolu, en mars 2011, a été condamné par un tribunal d’Istanbul à payer une amende de TL 16,660 (€ 8,330) pour avoir publié le livre de N. Mehmet Güler " Le dossier KCK : L'Etat global et les Kurdes sans Etat ". N. Mehmet Güler a également été condamné à une peine de prison avec sursis de 15 mois. Zarakolu and Güler étaient accusés de faire de la propagande pour une organisation terroriste (art. 7/2 de la loi anti-terroriste). Le livre est interdit depuis sa sortie au salon du livre de Diyarbakir en mai 2010. L’UIE avait condamné ces condamnations et avait demandé leur acquittement en appel.

Plus d'informations au sujet de la liberté de publier en Turquie :

Suite au jugement du 25 octobre 2011 de la Cour européenne des droits de l'Homme dans le cas Altuğ Taner Akçam c. Turquie selon lequel l'article 301 du code pénal turc tel qu'amendé en 2008 viole toujours l'Article 10 de la Convention européenne des Droits de l'Homme (CEDH) relatif à la liberté d'expression, l'UIE soutient la demande de son membre turc visant à l'abrogation de l'Article 301. Suite à l'explosion des cas d'obscénité devant les tribunaux (l'éditeur Irfan Sanci des Editions Sel est coutumier des tribunaux pour ses traductions d'Apollinaire ou de Burroughs notamment), l'UIE soutient également la demande de son membre turc visant à la dissolution du Comité (rattaché au bureau du Premier Ministre) de protection de l'enfance des publications nocives. Ce comité persiste en effet depuis peu à interdire une littérature pour adultes que la Cour européenne des droits de l'Homme à décrite comme "appartenant à l'héritage littéraire européen".
L'UIE note par ailleurs avec inquiétude le jugement rendu par la 14ème chambre de la cour d'assises d'Istanbul en août 2011 considérant l'imprimeur d'un livre "comme son auteur" et condamnant le propriétaire de l'imprimerie Berdan, Sadik Daşdöğen, à 9 mois de prison pour avoir imprimé un livre contenant des interviews d' Abdhullah Öcalan. Sadik Daşdöğen a été condamné pour propagande en faveur d'une organisation illégale. Les éditeurs s'étaient déjà opposés à ce que cela soit inscrit dans la loi au début des années 1980 après le coup d'Etat de 1980. Si les imprimeurs étaient tenus pour responsables des livres qu'ils impriment, les conséquences sur la liberté de publier pour être catastrophiques en Turquie.

Pour limiter le nombre de procès liberté de publier en Turquie (les procès visant la liberté de publier des éditeurs turcs), la législation turque doit être amendée (les articles 125, 216, 301 […] du code pénal, la loi 5816 visant à protéger la mémoire d'Atatürk de toute insulte, la loi anti-terroriste, etc.) .Surtout, c'est la pratique qui doit changer afin d'être en ligne avec les standards internationaux, y compris la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. La Turquie se l'est vue rappeler par ses paires lors de 8ème session du groupe de travail de l'Examen périodique universel du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies qui s'est tenue à Genève en mai 2010.


L'Union internationale des Editeurs (UIE) est l'ONG qui représente les éditeurs au plan international. Créée en 1896 à Paris, la mission de l'UIE est de promouvoir et de protéger l'édition. L'UIE est une association professionnelle disposant d'un mandat dans le domaine des droits de l'Homme. L'UIE a 65 membres dans 53 pays.

http://www.presseedition.fr/liberte_de_publier_billonnee_en_turquie_lunion_internationale_des_P_AA_R_0_A_8757_.html

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