21 Novembre 2011 Par Maxime-Azadi
Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé s’est déclaré « pleinement solidaire » de l’action de la Turquie dans la lutte contre le « terrorisme », lors de sa visite à Ankara et à Istanbul, le 18 novembre. « La France se montre donc ‘pleinement solidaire’ de l'emprisonnement de 68 journalistes » critique sur son blog Guillaume Perrier, correspondant du Monde, pour qui le syndrome MAM n'est pas loin.
Le ministre français a rencontré le président turc Abdullah Gül, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoglu et le négociateur européen Egemen Bagis.
Lors de ces rencontres considérées par des analystes comme « une alliance de guerre » contre le régime syrien, Juppé n’a pas hésité d’insister sur la coopération anti-kurde entre les deux pays, sous forme de lutter contre le « terrorisme ».
Pleinement solidaire de l’incarcération de Ragip Zarakolu
"Nous sommes pleinement solidaires de l’action de la Turquie dans la lutte contre le terrorisme et nous soutenons ces efforts" a-t-il affirmé, selon le blog du journaliste Guillaume Perrier.
« Une déclaration qui survient au moment où la Turquie se livre, au nom de la lutte antiterroriste, à une vague de répression sans précédent dans les milieux politiques pro kurdes et intellectuels. Plus de 9.000 personnes ont été arrêtées dans l'enquête sur le KCK (Union des communautés du Kurdistan) depuis 2009 » écrit le journaliste du Monde.
Il ajoute : « A en croire ces déclarations, la France se montre donc "pleinement solidaire" de l'emprisonnement de 68 journalistes, dans l'attente d'être jugés pour "appartenance à une organisation terroriste". Et "pleinement solidaire" de l'incarcération de Ragip Zarakolu, intellectuel, éditeur, à la pointe de tous les combats démocratiques depuis 40 ans. Ragip Zarakolu a reçu, en 2005, la médaille du courage de la Ville de Paris, et la France pourrait, par exemple, lui remettre une Légion d'honneur. Non, Alain Juppé, comme Claude Guéant quelques semaines plus tôt, soutient "l'action de la Turquie dans la lutte contre le terrorisme". »
Le syndrome MAM n'est pas loin
Le 7 octobre, un accord anti-kurde avait été signé entre la France et la Turquie contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), lors de la visite du ministre français de l'Intérieur Claude Guéant à Ankara. L’accort prévoit l'engagement des deux pays dans une "coopération opérationnelle de lutte contre le terrorisme", avait indiqué M. Guéant. Il devrait permettre aux forces de sécurité turques et françaises de mener une lutte commune sur le terrain, avait ajouté le ministre français qui affirmait sa « détermination totale » et « indéfectible » aux côtés de la Turquie contre le PKK.
Pour le journaliste du Monde, « le syndrome MAM n'est pas loin », en faisant référence à l’offre de l'aide sécuritaire à la Tunisie. « La France aurait pu proposer son fameux "savoir faire" en matière de police? Mais la police turque a, il est vrai, une certaine expertise » ironise-t-il.
Soutien ouvert aux pratiques fascisantes
Au nom de la liberté et de la démocratie, le gouvernement français soutient maintenant ouvertement les pratiques « fascisantes» du gouvernement Ankara. Présenté comme un modèle de la démocratie pour le monde arabe, la Turquie est aujourd’hui la plus grande prison du monde pour les journalistes avec environ 70, loin devant la Chine et l’Iran, les syndicalistes avec une quarantaine, les étudiants avec 500, les enfants avec des centaines et les élus dont 18 maires et 8 députés.
Source/Lien : MédiaPart
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